Théorème fondamental en topologie et en géométrie stipulant que pour tout polyèdre convexe, le nombre de sommets (V), d'arêtes (E) et de faces (F) est lié par la formule [latex]V - E + F = 2[/latex]. Cette valeur, 2, est la caractéristique d'Euler d'une sphère, révélant une propriété topologique profonde indépendante de la forme spécifique du polyèdre.
La formule du polyèdre d'Euler, [latex]V - E + F = 2[/latex], établit une relation remarquable entre les sommets, les arêtes et les faces d'un polyèdre simple (un polyèdre qui ne s'intersecte pas lui-même et qui n'a pas de trous). Cette formule est importante car il s'agit d'un invariant topologique, ce qui signifie qu'elle dépend de la forme fondamentale de l'objet plutôt que de ses propriétés géométriques spécifiques telles que la taille ou les angles. La constante "2" est connue comme la caractéristique d'Euler pour toute surface topologiquement équivalente à une sphère. Par exemple, un cube a 8 sommets, 12 arêtes et 6 faces, soit [latex]8 - 12 + 6 = 2[/latex]. Un tétraèdre a 4 sommets, 6 arêtes et 4 faces, donc [latex]4 - 6 + 4 = 2[/latex].
La preuve de cette formule peut être abordée de plusieurs manières. L'une, intuitive, consiste à méthode consiste à "aplatir" le polyèdre sur un plan. Imaginez que vous enleviez une face et que vous étiriez la structure restante. On obtient ainsi un graphe planaire. La formule peut alors être prouvée pour ce graphe par induction. En partant d'un seul triangle ([latex]V=3, E=3, F=1[/latex], plus la région extérieure comme face, donc [latex]F=2[/latex], ce qui donne [latex]3-3+2=2[/latex]), on peut montrer que l'ajout de nouveaux sommets ou arêtes de manière à maintenir la structure planaire préserve la relation [latex]V-E+F=1[/latex] pour les faces internes. La découverte de la formule est attribuée à Leonhard Euler en 1750, bien qu'il existe des preuves que René Descartes avait découvert un résultat similaire un siècle plus tôt, qui a été perdu. La formule a ensuite été généralisée par L'Huilier et d'autres pour les polyèdres à trous (tores), où la formule devient [latex]V - E + F = 2 - 2g[/latex], "g" étant le genre (nombre de trous).
Cette généralisation relie la géométrie des solides au domaine plus large de la topologie, qui étudie les propriétés des espaces qui sont préservées sous des déformations continues. La caractéristique d'Euler est un outil fondamental de la topologie algébrique qui permet de classer les surfaces et les manifolds de dimension supérieure. Son application va bien au-delà des mathématiques pures, influençant des domaines tels que l'infographie, où elle aide à valider l'intégrité des modèles 3D (maillages), et la chimie, où elle est liée à la structure des fullerènes et d'autres molécules complexes.